Covid-19 : le CNES innove pour démultiplier les capacités des appareils respiratoires

10/04/2020

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Grâce à cet outil, deux ou trois patients pourront utiliser le même respirateur artificiel, outil très demandé dans la lutte contre le Covid-19. (Crédits : CNES) Des ingénieurs de l’antenne toulousaine du CNES ont mis au point un appareil qui permet de démultiplier les capacités des appareils respiratoires. En cours de validation, le prototype pourrait permettre à deux, voire à trois patients, d’utiliser simultanément le même appareil. Les détails.

L’innovation pourrait permettre de renforcer les moyens techniques dans les services de réanimation des hôpitaux français. En créant un outil qui permet d’accroitre les capacités des appareils respiratoires, le CNES apporte sa pierre à l’édifice dans la lutte contre le Covid-19. Le prototype, un tube composé de matière plastique en forme de Y est branché à un seul appareil respiratoire et permet à plusieurs patients d’être intubé simultanément.

L’idée d’innover dans ce domaine répond à une demande de Lionel  Suchet, directeur général du CNES, et en contact avec des réanimateurs de l’hôpital parisien de La Pitié-Salpétrière. Ces derniers lui ayant rapporté leurs craintes sur le nombre insuffisants de respirateurs.

Deux versions en attente de validation

Eric Boussarie, responsable du pole Préparation du futur à l’antenne toulousaine du CNES crée alors une équipe pour trouver des solutions dans ce domaine. « J’ai rassemblé une petite équipe d’ingénieurs qui aiment bidouiller et en particulier des ingénieurs qui avaient dans leur garage des imprimantes 3D », souligne le responsable. Au départ, le groupe composé du scientifique et de trois ingénieurs pense fabriquer des respirateurs mais les premières recherches sur le sujet les refroidissent.

« On peut penser qu’il suffit d’insuffler de l’air au patient mais c’est plus compliqué que ça. Il faut traiter un patient qui est dans le coma et donc gérer la pression de l’air qui entre dans son corps car il ne peut pas gérer lui-même les mécanismes d’inspiration et d’expiration », raconte le responsable.

Le travail du groupe s’oriente alors vers la création d’un diviseur de flux. Le prototype qui comporte deux versions : l’une avec deux sorties et l’autre avec trois, permet d’optimiser les capacités d’un appareil respiratoire, à condition que les patients branchés simultanément aient des problèmes similaires. Essayé par des médecins sur des poumons artificiels, l’appareil (dont le stock est d’une petite cinquantaine) attend désormais la validation du comité analyse recherche et expertise (CARE). La structure créée par l’Elysée, composée de scientifiques et de médecins, pour conseiller le gouvernement sur les applications de lutte contre le Covid-19.

Les pousse-seringues, une nouvelle piste d’innovation

En parallèle de ce prototype, l’équipe travaille également sur les pousse-seringues. Glucose, anesthésiant, médicament pour les problèmes cardiaques, chaque patient a besoin qu’on lui injecte toute une série de produits.

« Chaque patient a besoin de six seringues. On ne peut pas avoir six infirmiers mobilisés pour administrer ces produits et le personnel soignant craint de ne pas avoir assez de stock de pousse-seringue », affirme Eric Boussarie.

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Avec son équipe, il a réussi à créer un prototype de pousse-seringue et devrait collaborer avec trois PME de la région toulousaine (Erems, Comat et Soterem) pour fabriquer le produit de manière industrielle. Mais à l’image d’autres secteurs tributaires de commandes internationales, certains composants électroniques nécessaires à sa fabrication sont chinois et ne pourront pas être livrés dans un court laps de temps.

« Pour l’heure, on a des petites quantités de composants chez des vendeurs français. Cela pourra probablement permettre d’en fabriquer une cinquantaine. Après, il faudra attendre les livraisons chinoises », avance Eric Boussarie.

Un constat qui interpelle à l’heure où la dépendance à l’égard des entreprises chinoises pose question dans la lutte contre le coronavirus.

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